
Holà, vous êtes deux, les créateurs d’¿adónde?, aujourd’hui c’est toi Laurent qui réponds à nos questions, fais-nous, s’il te plait, une présentation de vous deux pour les lecteurs assidus du blog…
A la base, Javier Gutierrez est antropologue de formation et moi, Laurent Serin, je suis ingénieur et au départ, je travaillais dans le design graphique.
De quand date l’aventure ¿adónde? ?
¿adónde? a été créé il y a environ une dizaine d’années. Javier a commencé tout d’abord à travailler avec des artisans au Nicaragua. Quatre ans plus tard, je suis devenu officiellement son associé. Au départ, l’idée c’était de revisiter les objet dessinés par les artisans du Nicaragua et d’utiliser le savoir-faire qu’il y avait là-bas. Donc on a commencé comme ça, en créant une collection vaisselle notamment, des sifflets en terre cuite, des hamacs et des objets héteroclites. Mais assez vite, on a dessiné nous-mêmes les objets qu’on produisait plutôt que d’utilser des objets pré-existants. C’est notamment avec la vaisselle qu’on a commmencé l’aventure d’ ¿adónde?.

Avec la collection cylindrique ?
Oui, on a crée toute cette collection autour d’une forme géometrique simple, à savoir le cylindre qui est la forme la plus facile qu’on puisse créer. Et finalement, nous nous sommes totalement recentrés sur la fabrication française car la distance était trop complexe à surmonter pour continuer à travailler avec le Nicaragua. Petit à petit, on est devenus des designers Made in France.
Nous aimons travailler avec des artisans dans le métal, dans le bois car notre idée est de faire un design simple avec une certaine économie de moyens, efficace mais qui a aussi un coté un peu ludique et modulaire où les gens peuvent s’approprier les objets. Il y a plusieurs possibilités d’interprétations pour chaque objet.
C’est surprenant un nom espagnol, ¿adónde?, pour une marque qui fabrique en France, c’est parce que Javier vient du Nicaragua ?
C’est une société française mais on voulait donner une connotation qui fasse référence au passé de Javier et aux débuts de l’entreprise. Après, c’était peut-être pas un choix très marketing car les produits, contrairement au nom sont fabriqués en France. On l’a aussi choisi par rapport à sa signification : « Où ça ? ». C’est important pour nous que le client sache tout sur le produit. L’objectif c’est d’avoir au-delà de l’aspect écologique, un aspect d’honnêteté et de transparence en termes d’information. On ne souhaite pas prétendre être plus « écolos » que nous le sommes non plus, on utilise certes des matériaux écologiques comme le bois mais pas que… En revanche, on explique ce qu’on fait, où on le fait et avec qui, toujours dans le souci d’être le plus transparent possible et le plus respectueux de l’environnement et des gens.
Pour vous, le design, c’était une évidence ?
On voulait créer des objets nouveaux, donc on devait les dessiner. Le design c’est du dessin, mais ca ne se limite pas à l’aspect technique. C’est avant tout une sensibilité, une vision des choses.
C’est quoi la philosophie d’ ¿adónde? ? Ecologie et Made in France ? Qu’est-ce qui prime?

Nous n’avons pas de point de vue fixe ou bloqué sur notre philosophie, on ne cherche pas à mettre quelque chose de particulier en avant. On souhaite simplement faire des choses qu’on aime et être honnête avec ce qu’on fait. Mais dans notre vie privée, on pense être réellement plutôt écologique et c’est important pour nous de fabriquer localement. Pour nous l’écologie et le local c’est la même chose, c’est un état d’esprit.
Par exemple, on n’est pas une société qui va faire des produits écologiques soi-disant fabriqués par une coopérative dans le monde et qui fait venir ces produits en avion. On ne cherche pas à mettre en avant un faux discours écologique.
Et concernant le Made in France ?
Nous avons décidé de produire local d’une part pour faire travailler l’ économie française, et d’autre part car il est plus facile pour les petites entreprises comme la notre de travailler ainsi. C’est plus flexible et il y a le contrôle de qualité avec les visites. Bien sûr, ce n’est pas toujours compétitif au niveau des prix mais on sait que nos produits sont très qualitatifs.
Vous pratiquez l’art du recyclage, mais pas seulement : vos produits ont aussi plusieurs utilisations ? On peut avoir des exemples ?
Les étagères par exemple sont tres modulables et adaptables dans differentes positions. Les équerres murales permettent de faire des étageres avec très peu de matériau et elles sont très légères. Ainsi, on peut faire des étageres avec une quantité de matière très limitée. L’objectif était de faire des équerres plus design et plus agréables que dans les magasins de grandes surface.
Où trouvez-vous l’inspiration ? c’est les voyages ? Les matières ? la nuit en rêvant ?
On pourrait dire qu’on est dans une exploration des formes géométriques assez simple et assez minimaliste. Quant à l’inspiration, elle vient plutôt des contraintes vis-à-vis des formes, des matériaux et des fournisseurs.
On essaie aussi de faire du made in France qui reste accessible et donc de penser à une fabrication avec le moins d’étapes possibles c’est à dire des objets avec les formes les plus simples, les épurées. Il n’y a pas de gaspillage ni dans nos packaging ni dans nos formes qui sont simples et efficaces car on minimise au maximum l’utilisation de matière.
Est-ce qu’aujourd’hui on vend mieux le design Made in France en France ou à Los Angeles ?
Ca dépend des moments et des cours de monnaies. Mais il y a un marché pour les deux et grosso modo c’est moitié-moitié.
Le made in France est reconnu à l’international mais les clients mettent surtout en avant la qualité du produit plus que le fait que ce soit fabriqué en France.
Vous faites partie des créateurs de la Goutte d’Or, installés dans le 18 ère arrondissement ? C’est important pour vous d’y rester?
On est très contents d’être à la Goutte d’Or, c’est un quartier qui est très agréable à vivre et on a pas de raison d’aller ailleurs. C’est un quartier multi ethnique, riche culturellement hyper interessant et on s’y sent bien.
En plus il y a d’autres créateurs dans le quartier ce qui est très appréciable.
Après ce n’est pas un quartier où il y a beaucoup de passage pour faire de la vente mais notre espace est plus un espace de création que de boutique donc ca nous va très bien.

Si j’ai oublié une question importante, n’hésitez pas à la rajouter et à y répondre. Cette dernière question est votre question.
Je souhaiterais insister sur notre vision de l’écologie qui n’est pas uniquement liée à des produits mais qui est selon nous représentative d’une attitude par rapport à la vie, à nos relations avec les gens, avec nos clients, avec les fournisseurs,… Nous ne voulons pas faire de grands discours mais faire des objets créatifs de manière transparente avec un minimum de moyens. L’écologie, le local, l’économie, le non gaspillage tout ça c’est un peu une philosophie et une manière de vivre sans prétention. Finalement c’est plus notre philosophie personnelle qui impacte nos créations. On est une petite entreprise, on fait les objets qu’on a envie de faire, on réalise les projets qu’on souhaite, sans stratégie marketing déterminée.
A bientôt ! Merci !
Anaïs BOUHABEN